Azzedine Alaïa : couturier collectionneur

Ne vous y trompez pas. Vous ne verrez pas une exposition des robes du couturier Azzedine Alaïa, mais des modèles achetés pour sa propre collection qu’il débute en 1968. Il récupère, en effet, des robes Balenciaga lors de la fermeture de la Maison, et va réunir jusqu’à 20 000 pièces, pour un témoignage exceptionnel de l’histoire de la mode. « Depuis de nombreuses années », dit-il, j’achète et je reçois les robes, les manteaux, les vestes qui témoignent de la grande histoire de la mode. C’est un hommage de ma part à tous les métiers et à toutes les idées que ces vêtements manifestent ».

En réunissant plus de 20 000 pièces, cette collection permet de survoler la mode et des modèles emblématiques des collections de grands couturiers de la fin du XIXe siècle, jusqu’à certains de ses contemporains. Il commence sa collection en 1968, à la fermeture de la Maison Balenciaga dont il récupère de précieuses pièces. Azzedine Alaïa ne collectionne pas seulement dans un esprit d’esthétisme mais étudie la composition, la coupe, la « construction » des vêtements à l’image de sculptures. Le célèbre couturier, s’est inspiré de ces modèles anciens ou plus contemporains, en s’illustrant par sa maîtrise des coupes.

Plus qu’une passion, l’acquisition de ces modèles devint une obsession pour lui. Il s’inspira de certaines lignes comme celles de Madeleine Vionnet, Cristobal Balenciaga, Madame Grès, et se reconnut dans ces couturiers sculpteurs. Le célèbre couturier avait suivi des études de sculpture avant de changer de voie. Emblématique des années 80, son modèle le plus célèbre fut Grace Jones.

Azzedine Alaïa a réuni ces pièces mais n’en a jamais parlé, et cette collection est demeurée secrète jusqu’à sa disparition en 2017. 140 pièces de Chanel, Lanvin, Patou, Dior etc…témoignent ici de la passion du créateur, et se révèlent être des archives de la mode. Certains couturiers exposés sont moins connus du monde de la mode comme Charles James, Claire MCCardell, ou John Redfern…Le styliste va continuer à enrichir sa collection avec des créateurs contemporains et notamment celles des japonais.

Pour en savoir plus, la Fondation Azzedine Alaïa, située 18 rue de la verrerie, dans le Marais, à Paris présente, jusqu’au 11 février 2024, une exposition consacrée à Madame Grès : « Alaïa/Grès : Au-delà des modes ». Le couturier, dans sa collection possédait 700 robes de Madame Grès. Le couturier, avec cette fondation, a vu se réaliser son souhait : créer ce lieu dans sa propre maison, pour abriter ses collections de l’histoire de la mode, d’art et de design.

Ysabelle J.